"Je me vois, je me fuis ;
Tu me regardes, je m'oublie"
Série photographique de Xavier Perrier
Modèle : Stecyla M.-K.
Dans sa Série « Je me vois, je me fuis ; Tu me regardes, je m’oublie », l’Artiste Photographe Xavier Perrier cherche à rendre hommage à la tradition millénaire du « Nu artistique », genre majeur ayant accompagné tout le développement de l’Art européen, et pour lequel il nourrit un profond respect.
À rebours d’une époque où la pornographie de masse, l’hypersexualisation et la mise en scène déshumanisée du corps envahissent les rapports humains et tendent à les déformer, la Série photographique de Xavier Perrier propose un déplacement du regard. Un regard non plus tourné vers le « corps » comme objet de désir, mais vers le « corps » comme partie de l’identité.
Reflet insaisissable, objet de fuite et de révélation qui s’impose à soi, le corps est ici questionné dans son rapport à l’être. Le « Nu » ne revêt dès lors jamais dans cette Série un caractère choquant ou provocant ; il ne s’impose pas, ne se montre pas « cru », mais se dévoile progressivement, dans un jeu de cache-cache, d’émotions, et de connexions intimes entre le photographe et son modèle. Une sorte de poème visuel qui déroule une tension constante entre exposition et dissimulation, non seulement au public, mais aussi à soi-même.
Omniprésent, le miroir devient ici l’intermédiaire d’un dialogue intérieur : celui des apparences, et de la perception de soi. Face à lui, et au jugement qu’il entraîne, le corps prend le temps de se découvrir à lui-même avant même de se donner à voir.
Ce n’est en réalité plus un simple « corps » que l’on regarde, c’est un jeu de questionnements intérieurs, de doutes, de tensions avec son propre reflet que l’on donne à voir. En un mot, c’est un dénudement progressif de l’âme elle-même, dont les choix de compositions et les instants de déclenchement tendent à révéler les incessantes, et parfois contradictoires, vibrations, profondément humaines.
Regardée par le photographe avec tendresse, attention, et respect de l’intimité, le modèle, Stecyla M.-K., se livre à une réelle performance intime, et se lance, avec complicité, et courage, dans l’exploration d’une palette de ressentis. Par son engagement, profondément artistique, elle cherche à dépasser les attentes du photographe, et donne à cette Série une vibration profondément humaine, sincère, bouleversante, tournée vers l’authenticité.
Car si la direction artistique globale de la Série, le choix des compositions, des accessoires, du travail des lumières revinrent bien évidemment à Xavier Perrier, une grande liberté fut laissée au modèle : la liberté d’explorer librement sa propre présence, de dialoguer avec son image, de livrer une partie de son âme. En d’autres termes : cette Série réside entièrement dans la création d’un espace de confiance mutuelle, où le photographe ne cherche jamais à « posséder », mais au contraire à « rencontrer ». L’œuvre devient ainsi, et de manière pleinement assumée, un travail à deux voix, une poétique à deux sensibilités, une œuvre co-construite, un miroir dans lequel le spectateur, à son tour, est invité à se chercher.
« Le plus beau dans cette Série réside dans ma relation avec l’Artiste. Toujours à l’écoute, celui-ci n’a pas cherché à prendre. Il a attendu ; il a reçu ; il a accompagné. Et c’est pour cela que je me suis oubliée ».
Stecyla M.-K.
« Le rapport au corps de ma Série cherche à transcender les désirs charnels pour se situer sur un plan plus psychologique. Il s’agit d’une confidence, d’un espace de confiance, où l’être danse avec son propre reflet. En d’autres termes, il s’agit d’une âme qui se met à nue ».
Xavier Perrier